La Sterne caspienne (Hydroprogne caspia) est la plus grande sterne du monde, avec une longueur de 48 à 57 cm et une envergure de 130 à 145 cm. Son corps est puissant, sa queue est courte et légèrement fourchue, ses ailes sont plutôt étroites avec l’extrémité sombre et son dos est gris pâle. La calotte est noire au printemps et en été, et le front devient blanc en hiver. Son imposant bec est rouge vif (rouge-orange chez le juvénile) avec une pointe noire. Ses pattes sont noires.

Son aire de répartition est cosmopolite, dispersée et composée de plusieurs populations distinctes. Dans le Paléarctique occidentale (lire Qu’est-ce que le Paléarctique occidental ?), l’espèce niche principalement le long des côtes des mers Baltique (1 800 couples en 2012), Noire (800 couples) et Caspienne (2 000 couples), ainsi que dans quelques secteurs de Turquie.

La population européenne a connu un important déclin entre 1970 et 1990, mais elle a augmenté entre 1990 et 2000. L’espèce n’a jamais été abondante sur les rives de la mer Baltique, mais on comptait 2 500 couples dans les années 1970 contre 1 800 en 2012 (dont environ 900 en Finlande, 530 en Suède, 150 à 250 en Estonie, une dizaine en Russie et 3 au Danemark). La population des pays voisins de la mer Baltique fluctue d’année en année, mais la taille moyenne des nichées et le nombre de nids ont baissé entre 1990 et 2012, les principales raisons étant les conditions climatiques défavorables et la prédation par le Goéland argenté (Larus argentatus), le Pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla) et le Vison d’Amérique (Neovison vison).

Situation de la lagune de Szczecin (Pologne)

Situation de la lagune de Szczecin (Pologne).
Carte : Ornithomedia.com 

Selon une publication de la page Facebook de Birding Poland, reprise en août 2024 par le site web Birdguides, la Sterne caspienne a niché pour le première fois en Pologne cette année : un couple s’est en effet reproduit sur l’île artificielle de Śmięcka, sur la lagune de Szczecin, au sein d’une colonie mixte de Mouettes rieuses (Chroicocephalus ridibundus) et de Sternes pierregarins (Sterna hirundo). Au cours des dernières années, des individus avaient été observées utilisant les îles artificielles de la lagune de Szczecin, principalement pendant la période de migration, où jusqu’à 130 individus ont été comptés, mais c’est la première fois que l’espèce a été notée durant la période de nidification.

Après avoir observé des comportements nuptiaux entre la fin du mois de mai et le début du mois de juin, des ornithologues locaux ont confirmé la présence d’un nid contenant deux œufs et ont installé un piège photographique pour le surveiller (voir la vidéo en fin d’article). Les deux adultes ont continué à incuber jusqu’à l’éclosion des poussins le 3 juillet. Les jeunes ont été suivis régulièrement par la caméra jusqu’au 11 juillet. Une visite effectuée le 27 juillet n’a toutefois pas permis de trouver de jeunes, ce qui laisse supposer que cette tentative de nidification a échoué.  

Le sort des jeunes est donc inconnu, mais jusqu’à 25 Pygargues à queue blanche ont été aperçus dans les environs en juillet, or ce rapace est connu pour s’attaquer aux jeunes Sternes caspiennes dans les colonies suédoises et finlandaises (lire Les conséquences inattendues du retour des pygargues dans l’hémisphère nord), et un cas de prédation est donc probable. Une autre possibilité est que les jeunes aient succombé à la chaleur intense qui a récemment sévi dans la région. Par ailleurs, quelques jeunes Sternes pierregarin ont été vues souffrant de symptômes de grippe aviaire, bien qu’il n’y ait pas eu de mortalité massive dans la colonie (lire Comment gérer au mieux et limiter l’impact de la grippe aviaire sur les colonies d’oiseaux marins ?).

Malgré ce résultat décevant, les ornithologues espèrent un retour du couple en 2025, et une réussite future de leur nidification.

Montage de vidéos filmées en juin 2024 (l’horodatage est erroné) par la caméra installée près du premier cas de nidification de la Sterne caspienne (Hydroprogne caspia) en Pologne, avec un couple installé sur l’île de Śmięcka, sur la lagune de Szczecin.
Source : Dominik Marchowski

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