L’Échenilleur des Saint-Matthias (Lalage conjuncta) mesure de 17 à 18 cm. C’est un oiseau à longue queue et à longues ailes. Le mâle adulte a un plumage principalement noir dessus et blanc dessous (de la gorge à la poitrine), avec de larges marques alaires blanches et un croupion blanc barré de noir. Son ventre est plus ou moins teinté de châtain. Sa queue est noire. Les plumages de la femelle, du juvénile et de l’immature n’ont pas été décrits. Il se distingue principalement de l’Échenilleur varié (L. leucomela), auquel il était autrefois rattaché, par l’absence de sourcils blancs et par son front noir.

Il est discret, mais son chant comprend des “tchow-tchow-de-weet” nasillards.

Situation de l'île Mussau, dans les îles Saint-Matthias (Papouasie-Nouvelle-Guinée)

Situation de l’île Mussau, dans les îles Saint-Matthias (Papouasie-Nouvelle-Guinée).
Carte : Ornithomedia.com

Il est endémique de l’île Mussau, dans les îles Saint-Matthias (Papouasie-Nouvelle-Guinée), où il semble dépendre des forêts tropicales primaires. Il est considéré comme vulnérable et il est inscrit sur la Liste rouge des espèces menacées de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature en raison de l’exploitation forestière sur l’île depuis les années 1980. Selon la plateforme Global Forest Watch, la surface des forêts primaires de la province de Nouvelle-Irlande, qui comprend les îles Mussau, a diminué de 7,2 % entre 2000 et 2023.

L’Échenilleur des Saint-Matthias n’avait pas documenté depuis 1979. En juin 2024, Joshua Bergmark, cofondateur de la compagnie Ornis Birding Expeditions, guidait un groupe d’ornithologues amateurs sur l’île Mussau, la plus grande des îles Saint-Matthias. Après avoir observé le Monarque des Saint-Matthias (Symposiachrus menckei), le Rhipidure des Saint-Matthias (Rhipidura matthiae) et le Monarque terne (Myiagra hebetior), ils étaient à la recherche du quatrième endémique de l’archipel, l’Échenilleur des Saint-Matthias.

Après avoir conduit pendant une heure dans le centre de l’île de Mussau, ils se sont arrêtés au pied d’une colline escarpée et certains ont commencé l’ascension. L’un des participants a alors repéré quelques individus qui se nourrissaient tranquillement dans un arbre. Au total, neuf oiseaux répartis en trois groupes ont été notés, les premières photos connues ont été prises et les premiers enregistrements réalisés.

Lors de sa dernière visite sur l’île de Mussau il y a six ans, Joshua Bergmark avait pris les premières photographies connues du Monarque terne, et il n’avait pas pu rechercher l’Échenilleur des Saint-Matthias, car les forêts intérieures de l’île étaient inaccessibles. Depuis, des routes ont été tracées.  

John Mittermeier, directeur du programme “Search for Lost Birds ” pour l’association American Birds Conservancy, précise que la couverture forestière de Mussau est encore importante, mais qu’il reste important de surveiller la situation des espèces endémiques suite à la progression des coupes.

Les îles de la Mélanésie orientale sont un haut lieu de biodiversité et d’endémisme, d’où sont originaires 15 espèces d’oiseaux considérées comme éteintes : la “redécouverte” de l’Échenilleur des Saint-Matthias laisse espérer que certaines d’entre elles puissent être retrouvées, grâce à l’aide d’observateurs de terrain comme les guides de compagnies spécialisées et aux participants à des plateformes collaboratives comme eBird, Xeno-canto et iNaturalist.

Lors de son voyage en juin 2024, Joshua Bergmark a également pris ses premières photos du Martin-pêcheur de Manus (Ceyx dispar), un oiseau endémique de l’île de Manus, située à l’ouest de celle de Mussau, qui n’avait pas été vu entre 2002 et 2022. Il a également photographié le Capucin de Nouvelle-Hanovre (Lonchura nigerrima), un passereau endémique de l’île de Nouvelle-Hanovre, située au sud de celle Manus, qui était sur le point d’être considéré comme “perdu”.

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