Le Râle des genêts (Crex crex) est un oiseau migrateur, discret et farouche appartenant à la famille des rallidés. Le chant typique du mâle (un « krek-kerr » répété inlassablement) retentit du crépuscule à l’aube en mai et en juin dans les prairies et les champs. La femelle niche au sol dans la végétation haute. Autrefois commune, l’espèce subit depuis plusieurs décennies un déclin marqué dans la plupart des pays d’Europe occidentale à cause de l’intensification de l’agriculture, des fauches précoces fatales aux jeunes et même aux adultes, de la transformation des prairies humides en cultures ou en peupleraies et de l’activité d’extraction de granulats dans les vallées alluviales.

En France, le Râle des genêts est intégralement protégé, est inscrit en danger sur la Liste Rouge des espèces menacées (UICN France, 2016). Lors de l’enquête nationale de 2009, sa population était estimée entre 495 et 551 mâles chanteurs, contre 1 140 à 1 280 en 1998. En 2012, les dénombrements n’ont permis de recenser que 344 à 359 mâles. Ce déclin s’est poursuivi depuis, et moins de 100 mâles chanteurs ont été comptés en 2022. Il ne survit actuellement que dans quelques vallées alluviales, par exemple dans les Basses Prairies Angevines (lire Louis-Marie Préau et le livre « Basses Vallées Angevines, nature discrète et sauvage ») ou dans celle de l’Oise (lire Observer le Râle des genêts dans la vallée de l’Oise). Il existe également une petite population peu connue dans les Alpes (lire Aurélie Torres : recenser les Râles des genêts “montagnards” mal connus des Alpes du Sud).

En Écosse, qui constitue le bastion de l’espèce en Grande-Bretagne, l’espèce décline également : en 2022, la RSPB Scotland n’a recensé que 824 mâles chanteurs, contre 850 en 2021 et un record de 1 289 en 2014 (lire Nombre record de Râles des genêts en Écosse en 2014). Ces résultats sont toutefois contrastés selon les secteurs : l’espèce est ainsi en progression dans les Hébrides intérieures (+ 3,7 % par rapport à 2021), alors qu’elle est en forte baisse dans les Hébrides extérieures (- 10,1 %). Les agriculteurs sont soutenus par le Gouvernement écossais pour favoriser la conservation de l’espèce, mais le système de financement agricole a changé suite au Brexit 

La tendance est différente en Irlande. Sur le site web du Gouvernement, le Department of Housing, Local Government and Heritage a présenté le 9 août 2023 les résultats encourageants du dernier recensement national effectué par le National Parks and Wildlife Service (NPWS) : la population irlandaise de Râles des genêts a augmenté de 35 % au cours des cinq dernières années, atteignant 218 mâles chanteurs en 2023 et dépassant pour la première fois depuis dix ans la barre symbolique des 200 territoires occupés (lire La population irlandaise de Râles des genêts a augmenté de 35 % depuis 2018).

Situation de la commune d'Oldambt (Pays-Bas)

Situation de la commune d’Oldambt (Pays-Bas), où près du tiers du nombre de mâles chanteurs du pays a été recensé en 2024.
Carte : Ornithomedia.com

Aux Pays-Bas, selon l’association Sovon, le nombre provisoire de mâles recensés en 2024 a été nettement plus élevé que l’année dernière : 75 chanteurs ont en effet été comptés au début du mois de juin, contre 11 seulement en 2023 et 62 en 2022.

Dans ce pays, des oiseaux ont été trouvés dans de nouveaux endroits, parfois inattendus. La province de Groningue occupe la première place, avec 25 mâles, dont 23 dans la commune d’Oldambt. En Frise, sept chanteurs ont été notés, ce qui constitue une bonne surprise, contre cinq (seulement) dans la province de Drenthe, cinq dans celle de Gueldre, deux dans celle d’Utrecht, quatre dans le Flevoland, trois dans le Brabant septentrional, sept en Hollande méridionale et deux en Hollande septentrionale. Seuls 16 % des chanteurs ont été trouvés dans des zones Natura 2000.

La saison 2024 constitue donc une bonne surprise, d’autant plus que le printemps humide a fait déborder de nombreux cours d’eau, ce qui a rendu beaucoup de prairies inondables moins attrayantes pour la nidification de l’espèce. Toutefois, des mâles ont été trouvés dans des sites alternatifs, comme les jachères et les cultures de céréales et de luzerne (lire La fenaison, une période importante pour certains rapaces). En raison des pluies tardives, beaucoup de prairies n’avaient pas été fauchées lors du comptage, et d’autres mâles (au moins douze) ont été trouvés par la suite : le chiffre de 75 mâles chanteurs est donc sous-estimé. Toutefois, la population actuelle reste bien inférieure à ses niveaux du début des années 2000, quand plus de 500 mâles étaient recensés !

Selon l’association Sovon, la saison 2024 semble avoir été également été favorable en Belgique, en Allemagne et en Lettonie, tandis que les résultats auraient été stables en Grande-Bretagne et en France. Dans l’hexagone, le nombre de chanteurs recensés serait en hausse dans le nord et dans l’est par rapport aux mauvaises saisons précédentes, et des mâles auraient même été notés dans des endroits où l’espèce était absente depuis plusieurs années, comme dans certains secteurs des Ardennes.  

Râle des genêts (Crex crex) dans la province d’Utrecht (Pays-Bas) en juin 2016.
Source : Tijmen van Doornik

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