Le Busard des roseaux(Circus aeruginosus) est un rapace de taille moyenne (envergure de 110 à 130 cm). Le mâle adulte a la tête et la poitrine blanc jaunâtre strié de sombre, le dessus des ailes beige, brun, gris et noir et le dessus de la queue gris. La femelle adulte est brun foncé avec la calotte, le cou, le bord antérieur des ailes et parfois la poitrine chamois. Le juvénile ressemble à la femelle, mais les plumes du dessus des ailes sont bordées de chamois et leur bord antérieure n’est pas pâle, le dessus de la queue est plus sombre et la « main » est plus étroite.

Il niche principalement dans les roselières, et parfois dans les cultures, de l’ouest de l’Europe à la Mongolie centrale en passant par l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et l’Asie centrale.

Situation de la réserve naturelle d'Otmoor (Grande-Bretagne)

Situation de la réserve naturelle d’Otmoor (Grande-Bretagne).
Carte : Ornithomedia.com

En juillet 2024, deux jeunes atypiques ayant récemment quitté leur nid ont été observés dans la réserve naturelle d’Otmoor gérée par la Royal Society for the Protection of Birds située dans l’Oxfordshire, en Angleterre (Grande-Bretagne) : les plumes de leurs ailes, de leur dos, de leur ventre et de leur queue étaient plus ou moins fortement marquées de blanc, formant un ensemble bariolé spectaculaire (voir des photos du second juvénile sur la page X de Joe). L’un est plus grande  que l’autre, ce qui suggère qu’ils sont de sexes différents. Mark Dowie, qui nous a transmis la photo d’un des deux jeunes, nous précise qu’un mâle adulte comportant du blanc sur le plumage est présent dans la réserve, et que deux mâles se reproduiraient avec plusieurs femelles.

Ces oiseaux au plumage aberrant pourraient faire penser à des cas classiques de leucisme, une anomalie génétique qui entraîne une réduction de la quantité de mélanine sur la totalité ou des parties du plumage (lire L’albinisme et le leucisme chez les oiseaux), mais selon Aurora, une étudiante en ornithologie de l’université du Gloucestershire (Grande-Bretagne), il pourrait plutôt s’agir, au moins partiellement, de barres dites de défaut ou de carence (« fault-bars » en anglais) résultant d’une nourriture insuffisante ou déséquilibrée et/ou d’épisodes de stress subits lors de la pousse des plumes juvéniles, provoquant leur fragilisation (notez les extrémités anormalement usées des ailes et la queue) et une destructuration partielle des barbules et des crochets, les petites structures composant les barbes disposées de part et d’autre du rachis (lire Les plumes des oiseaux), créant des dessins pâles et translucides, souvent symétriques (mais pas toujours).

Les plus importants facteurs de stress pouvant jouer un rôle dans la formation de ces barres décolorées sont des perturbations anthropiques comme par exemple des frayeurs causées le bruit de la circulation ou des dérangements, des bouleversements de l’habitat (manque de cachettes), ou des conditions environnementales défavorables, comme le mauvais temps, qui peut diminuer la quantité de proies apportées par les parents. Leur fréquence d’apparition varie d’une famille à l’autre, les Corvidés et les rapaces étant par exemple particulièrement concerné, et les jeunes plus souvent que les adultes. Des recherches menées par Bortolotti et al. (2002) ont même permis de détecter la présence de ces barres chez 92 % de 1 919 Crécerelles d’Amérique (Falco sparverius) étudiés.

Les oiseaux ayant de nombreuses barres de défaut ont souvent une mauvaise condition physique, sont moins susceptibles de se reproduire et ont une espérance de vie plus courte. La structure des plumes étant fragilisée, elles se cassent plus facilement et peuvent même gêner leur vol : on a par exemple constaté que la fréquence des barres de défaut chez les proies de l’Autour des palombes (Accipiter gentilis) était presque trois fois plus élevée que dans le reste de leur population. En outre, les plumes claires ont tendance à s’user plus vite.

En général, les barres de défauts sont plus généralement plus fréquentes sur les plumes de la queue que sur les ailes, afin de ne pas trop pénaliser le vol, mais dans le cas des deux jeunes Busards des roseaux de la réserve naturelle d’Otmoor, elles semblent généralisées sur tout leur corps : on peut donc hélas être pessimiste sur l’espérance de vie de ces jeunes. 

La réserve naturelle d’Otmoor, d’une superficie de près de 400 hectares, protège plusieurs habitats (roselières, prairies et étangs) et compte plusieurs nicheurs remarquables, outre le Busard des roseaux, comme le Butor étoilé (Botaurus stellaris ) et la Grue cendrée (Grus grus).

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