Le Tohi de Blanca (Atlapetes blancae) est un passereau de 17 cm de long avec une couronne brun-roux, un masque noir, une zone auriculaire grise, un manteau et des couvertures alaires gris teinté de marron, les rémiges noirâtres, les parties inférieures gris pâle devenant plus sombre sur les flancs, et le bec et les pattes noirs.

Il a été décrit pour la première fois en 2007 par Thomas Donegan à partir de trois spécimens naturalisés collectés (en 1971 pour le plus récent) près du lieu-dit La Lana, le long du sentier de Llano de Ovejas, près de San Pedro de los Milagros (département d’Antioquia), dans un secteur de pâturages et de parcelles boisées et buissonnantes des Andes centrales colombiennes, entre 2 400 et 2 800 mètres d’altitude.

Le Tohi de Blanca n’avait pas été observé depuis 1971 jusqu’au 7 janvier 2018, lorsque Rodolfo Correa Peña a découvert par hasard et photographié un individu alors qu’il se rendait à la messe à San Pedro de los Milagros (lire Redécouverte du Tohi de Blanca, qui n’avait pas été observé depuis 47 ans). Entre cette date et le début de l’année 2019, d’autres oiseaux (seuls ou en couple) ont été vus entre 2 500 et 2 830 mètres d’altitude dans quatre parcelles couvertes de buissons bas, parfois en compagnie de Tohis à calotte blanche (Atlapetes albinucha) et à miroir (A. latinuchus) de la sous-espèce elaeoprorus. Ils se nourrissaient au sol de graines et de fruits, glanant parfois des insectes dans le feuillage. Quatre d’entre eux ont été capturés avec des filets, dont un adulte et un sous-adulte, et probablement deux immatures au plumage plus terne. Leurs vocalisations (cris et chant) ont été enregistrées et analysées.

Situation de San Pedro de los Milagros (Colombie)

Situation de San Pedro de los Milagros (Colombie), où le Tohi de Blanca (Atlapetes blancae) a été redécouvert en 2018.
Carte : Ornithomedia.com

L’association American Bird Conservancy finance depuis octobre 2018 des efforts de recherche et de recensement de la population du Tohi de Blanca, qui avait été estimée à moins de 50 individus en 2021 par l’Union International pour la Conservation de la Nature, qui l’avait classé « en danger critique»  en raison de la destruction de son habitat : 73 % de la végétation naturelle de la municipalité de San Pedro de los Milagros ont ainsi par exemple déjà été convertis en pâturages. Cette évaluation était toutefois basée sur des données indirectes et sur des hypothèses concernant son aire de répartition et son habitat. 

Dans un article publié en 2024 dans le journal Bird Conservation International, des ornithologues colombiens ont fourni les premières estimations directes de la  population de Tohis de Blanca et sur le sex-ratio des adultes dans sept localités. Des individus ont été capturés à l’aide de filets japonais, des prélèvements sanguins ont été faits et des bagues de couleur ont été posées. Des recensements le long de transects (= lignes virtuelles le long desquelles des comptages sont effectués) ont été menés pour noter les individus bagués et non bagués. Une estimation a ensuite été réalisée dans la zone d’échantillonnage. 

Les auteurs ont utilisé la relation abondance-superficie pour estimer la taille de la population dans d’autres sites où l’espèce a déjà été observée. Enfin, un sexage moléculaire, basé sur l’amplification en chaîne par polymérase (PCR) du gène de la protéine chromo-hélicoïdale de liaison à l’ADN (Chromo-Helicase DNA binding region ou CHD), situé dans les chromosomes sexuels des oiseaux, a été réalisé. 

Au total, 55 individus ont été bagués dans quatre endroits. Les ornithologues ont déterminé qu’il y avait probablement 109 individus sur les 122 hectares échantillonnés en se basant sur les résultats obtenus pour sept localités, et près de 405 sur les 322 hectares d’habitats favorables existant encore. Le sex-ratio était de 0,45 et n’était pas significativement biaisé. 

Cette étude suggère que la population de Tohis de Blanca serait au moins huit fois plus importante que ne le suggéraient les estimations précédentes. Elle serait équilibrée d’un point de vue sexuel, même si de nouvelles recherches seraient nécessaires pour prendre en compte les individus immatures et juvéniles. Les auteurs estiment que les études futures devraient se concentrer sur l’évolution de la population et sur l’impact de la transformation de l’habitat sur la démographie de cette espèce emblématique.

Tohi de Blanca (Atlapetes blancae) filmé en Colombie en décembre 2019.
Source : American Bird Conservancy

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