Brèves
Une femelle de Pygargue à queue blanche couve des œufs d’Oies cendrées en Norvège
Le parasitisme interspécifique de couvée est une stratégie de reproduction rare chez les oiseaux, avec seulement 1 % des espèces l’adoptant, les coucous et les vachers étant les exemples les plus connus. Il existe aussi quelques cas de couvées mixtes pour lesquels on ne peut pas vraiment parler de parasitisme : en Amérique du Nord, on a ainsi découvert des nids de Balbuzards pêcheurs (Pandion haliaetus) contenant des œufs de Bernaches du Canada (Branta canadensis), des adultes des deux espèces ayant même été vus défendant leur nid commun. Il est probable que ces bernaches avaient pris possession des nids des rapaces avant le retour de migration de ces derniers. Des œufs de Canard colvert (Anas platyrhynchos) ont aussi été découverts dans plusieurs couvées de Balbuzards pêcheurs au Maryland (États-Unis).
Une couvée mixte peut aussi être le résultat d’une appropriation d’un nid par une autre espèce. En 2014, dans le Minnesota (États-Unis), un couple de Pygargues à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) avait pris soin d’un œuf de canard après avoir mangé la cane. Des cas de Pygargues à tête blanche ayant élevé de jeunes Buses à queue rousse (Buteo jamaicensis) et Goélands à ailes grises (Larus glaucescens) sont également connus (lire). En Europe, des Pygargues à queue blanche (Haliaeetus albicilla) ont adopté des Buses variables (Buteo buteo) et pattues (B. lagopus), l’explication la plus probable étant une prédation non létale suivie d’une protection parentale (lire Adoptions de jeunes buses par des pygargues).
Situation de l’île de Reinøya, dans le comté de Troms (Norvège). |
Il est plus inhabituel pour un rapace de s’emparer d’un nid et de couver les œufs d’une proie potentielle : en 2017, sur l’île de Mull, en Écosse (Grande-Bretagne), un couple de Pygargues à queue blanche avait ainsi été découvert en train d’incuber trois œufs d’Oies cendrées (Anser anser). Après un certain temps, ils ont toutefois semblé avoir perdu tout intérêt pour les œufs adoptés, qui ont été laissés sans surveillance puis prédatés par une Corneille mantelée (Corvus cornix). Le pygargue mâle était accouplé à une femelle à la fin des années 1990, mais celle-ci a disparu et a été remplacée en 2001 par une autre compagne. Depuis, aucun oeuf n’a été pondu. Il est donc possible que les deux adultes aient repéré le nid des oies et se soient occupés des oeufs après avoir mangé les parents.
En mai 2021, sur l’île de Reinøya, dans le comté de Troms (Norvège), un couple de Pygargues à queue blanche s’est emparé d’un nid contenant cinq œufs d’Oies cendrées qui était situé à seulement 11 mètres d’une route principale. Selon une vidéo, seule la femelle couvait les œufs, et à chaque fois qu’une voiture passait, elle s’envolait, cerclait en vol puis se reposait et reprenait l’incubation. Il n’y avait aucun aucun signe de présence d’oies dans les environs, et aucune interaction entre les deux espèces n’a été notée. L’absence de duvet pourrait suggérer que le femelle d’Oie cendrée était partie avant le début de l’incubation. L’aire connue de pygargues la plus proche était située à 2,6 km. Le nid usurpé a finalement été déserté durant l’été.
Gérygone enchanteresse (Gerygone palpebrosa) près du lac Eacham, sur le plateau d’Atherton dans le Queensland (Australie) en avril 2014.
Source : Adrian Walsh
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Compléments
Dans la galerie d’Ornithomedia.com
Pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla)
Source
Karl-Otto Jacobsen et David Sexton (2023). Observations of a White-tailed Eagle incubating eggs of a Greylag Goose. Ornis Norvegica. Volume : 46. Pages : 43−46. boap.uib.no
1 commentaire(s) sur ce sujet
Participer à la discussion !François Dehondt
BESANCON
Posté le 15 avril 2024
Ben oui, il faut bien que quelqu’un s’occupe de faire cuire les biscuits apéro…