Que faire quand on trouve une jeune Chouette hulotte ?

Jeune Chouette hulotte (Strix aluco)

Jeune Chouette hulotte (Strix aluco) âgée d’environ quatre semaines placée dans un arbre à Woluwé-Saint-Lambert (Belgique) afin qu’elle soit adoptée par un couple (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Olivier Taylor

Les jeunes Chouettes hulottes (Strix aluco) quittent leur nid au bout de 28 à 36 jours, avant de savoir voler, et elles se tiennent ensuite dans les environs immédiats, où elles continuent d’être alimentées par leurs parents. Si on en trouve lors d’une promenade, il faut donc éviter de les déranger et au contraire s’en éloigner, sauf s’ils semblent blessés ou en cas de danger potentiel ou avéré, comme la présence de prédateurs (chats, chiens, renards, etc.) dans les environs ou un risque de collision avec un véhicule. Il vaut mieux éviter de les apporter dans un centre de soins ou à un vétérinaire, car elles auront de meilleures chances de survie si elles sont élevées par leurs parents. La meilleure chose à faire est simplement de les placer sur la branche d’un arbre proche, ou en tout cas en hauteur. En effet, bien que ne sachant pas voler, les jeunes chouettes sont capables de sauter et de grimper sur les troncs et de se déplacer de branche en branche.
N’essayez pas non plus de les nourrir ni de leur donner à boire (lire Aurélie Amiault nous en dit plus sur les problèmes de prise en charge des oiseaux blessés et sur les premiers gestes à adopter), mais vous pouvez naturellement téléphoner à un centre de soins pour être rassuré sur votre geste (lire Oiseau blessé ou oisillon tombé du nid : que faire ?).
Nous avons rappelé les gestes utiles à suivre dans notre article Que faire si l’on trouve une jeune Chouette hulotte ne sachant pas voler ?

L’adoption d’une jeune chouette par un couple en mars 2024

Au début du mois de mars 2024, une jeune Chouette hulotte non volante, âgée de quatre semaines au maximum et partiellement emplumée, avait été trouvée dans une rue de Woluwé-Saint-Lambert (Belgique) : contacté, Olivier Taylor a pu la replacer près de son nid dans un arbre, où ses parents l’ont retrouvée rapidement.
Le 18 mars, un autre jeune, à peu près du même âge, avait été ramassé à Wemmel, à une vingtaine de kilomètres du premier village, puis apporté dans le centre de soins de la LRBPO de Bruxelles, mais il a été impossible de le replacer dans son nid, l’emplacement de celui-ci étant inconnu.

Jeune Chouette hulotte (Strix aluco)

La jeune Chouette hulotte (Strix aluco) avant d’être placée (à l’aide d’une échelle) sur une branche dans un arbre à Woluwé-Saint-Lambert (Belgique) afin qu’elle soit adoptée par un couple (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Gil Smeets

Informé de cette situation, Gil Smeets a contacté Olivier Taylor, et ils ont décidé de le faire adopter par le couple de Woluwé-Saint-Lambert : ils l’ont donc placé sur une grosse branche, à la tombée de la nuit.
Le lendemain, ils sont revenus sur place, et ils ont constaté que le second jeune, repérable par son bec plus jaune que le premier, était calme et posé dans un gros buisson, un adulte se tenant à quelques mètres de lui. Ils ont continué la surveillance et plus de dix jours plus tard, il semblait complètement adopté.
Il s’agit d’une tentative rare et pas forcément reproductible, les jeunes chouettes trouvées étant  normalement replacées dans leur vrai nid et rarement à proximité de celui d’un autre couple, mais c’est une solution qui peut être envisagée dans certains cas, en s’assurant que tout se passe bien par la suite.
Philippe Vanardois nous précise que cette méthode de sauvegarde fonctionnerait aussi avec la Chevêche d’Athéna (Athene noctua), le Faucon crécerelle (Falco tinnunculus) et l’Épervier d’Europe (Accipiter nisus).

Les adoptions chez les rapaces diurnes et nocturnes

L’adoption chez les oiseaux est la fourniture de soins à des poussins (ou à des œufs) par des adultes sans lien de parenté avec eux (= alloparents). L’alloparentalité peut résulter de plusieurs mécanismes, comme le parasitisme de couvée (dans le cas des coucous et des vachers), l’adoption ou les couvées mixtes, c’est-à-dire composées d’œufs pondus par des femelles différentes (lire Le nourrissage interspécifique : le cas d’une sittelle et d’un Pic épeiche).
Ce comportement peut concerner des individus appartenant à la même espèce ou à des espèces différentes, mais dans ce dernier cas, leurs stratégies comportementales et de nidification doivent être similaires : des oiseaux cavicoles (= nichant dans une cavité) s’occuperont ainsi rarement de jeunes nés dans un nid en forme de coupe. Toutefois, des exemples surprenants ont déjà été décrits, comme un Faucon de Nouvelle-Zélande (Falco novaeseelandiae) ayant essayé de s’occuper de jeunes Canards musqués (Cairina moschata) (lire Un Faucon de Nouvelle-Zélande essaie « d’adopter » de jeunes Canards musqués). 
Apparemment altruiste (lire Les oiseaux peuvent faire preuve d’empathie et d’altruisme), l’adoption pourrait avoir des avantages pour les adultes le pratiquant, comme l’augmentation du taux de survie global de l’espèce ou l’acquisition d’une expérience parentale pour des oiseaux ne s’étant pas encore reproduit.
L’adoption et les couvées mixtes sont plus répandues chez les espèces au développement précoce, comme les Anatidés, et elles s’observent généralement au début du développement des oisillons. Des soins alloparentaux peuvent aussi être apportés lors du remplacement d’un ou des deux adultes ayant disparu ou de l’échange de nids (une fois que les jeunes ont appris à voler, mais qu’ils restent dépendants de leurs parents) chez les espèces dont les jeunes ont besoin de soins après leur naissance : l’adoption apparait plutôt à la fin du développement des jeunes, quand ils sont capables de voler.
Des cas d’adoption intra- et interspécifiques ont été rapportés chez plus de 150 espèces d’oiseaux, dont des rapaces. En voici quelques exemples 

  • en Amérique du Nord, des Pygargues à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) ont adopté de jeunes Buses à queue rousse (Buteo jamaicensis), et un jeune Faucon pèlerin (Falco peregrinus) a été pris en charge par d’autres parents que les siens (lire Un jeune Faucon pèlerin se fait nourrir par le couple voisin).
  • En Australie, des Bondrées à plastron (Hamirostra melanosternon) se sont occupés de Crécerelles d’Australie (Falco cenchroides).
  • En Europe, une Buse variable (Buteo buteo) de deux semaines a été trouvée dans un nid de Pygargues à queue blanche (Haliaeetus albicilla) (lire Adoptions de jeunes buses par des pygargues), un Aigle criard (Clanga clanga) a nourri un Busard des roseaux (Circus aeruginosus), et un Aigle des steppes (Aquila nipalensis) a pris soin de jeunes Buses féroces (Buteo rufinus).

Chez les rapaces nocturnes, les cas connus d’adoption sont plus rares que chez les espèces diurnes, peut-être simplement parce que leur comportement est plus difficile à étudier. En Tchéquie, de jeunes Nyctale de Tengmalm (Aegolius funereus) orphelines ont par exemple été élevées par d’autres parents que les leurs, et en Espagne, des petits Grands-ducs d’Europe (Bubo bubo) volants ont quitté le territoire parental pour rejoindre une autre nichée et continuer à être nourris. 

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