La psittacose ou chlamydiose, une maladie bactérienne

Technique de l'immunofluorescence directe

Technique de l’immunofluorescence directe utilisée pour montrer la présence de bactéries Chlamydia psittaci dans le cerveau d’une souris infectée.
Photographie : Dr. Vester Lewis / CDC

La psittacose, appelée aussi ornithose ou encore chlamydiose, est une zoonose (= maladie des animaux transmissible aux humains) causée par la bactérie Chlamydia psittaci (il existe d’autres espèces du genre Chlamydia, comme C. gallinacea et C. abortus). Cette maladie a été détectée chez plus de 450 espèces d’oiseaux domestiques et sauvages, dont des Psittacidés (perroquets), des Psittaculidés (perruches), des Gallinacés (dont les dindons et les poulets), des Anatidés (canards), des Columbidés (pigeons), des Corvidés (corneilles et corbeaux), des Accipitridés (la majorité des rapaces diurnes), des Ardeidés (aigrettes et hérons) et même des passereaux, comme les pinsons et les canaris.
Le plus souvent, la psittacose est asymptomatique, sauf chez les Psittacidés, les Columbidés, les Corvidés et les Accipitridés, chez lesquels les signes visibles peuvent être le manque d’appétit, une gêne respiratoire, un écoulement oculaire ou nasal et/ou une diarrhée.
Le temps qui s’écoule entre l’exposition à Chlamydia psittaci et l’apparition des premiers symptômes est variable, allant de trois jours à quelques semaines : un oiseau infecté peut donc sembler en bonne santé et ne présenter aucun symptôme pendant un certain temps.
Lorsque l’infection est latente, le stress associé aux carences nutritionnelles, à l’entassement, à la mise à la reproduction, à la ponte ou aux longs transports peut entraîner l’excrétion de l’agent infectieux.
La bactérie se retrouve dans les excréments (fientes) ou dans les sécrétions nasales, et les oiseaux touchés peuvent transmettre la maladie pendant plusieurs mois de façon intermittente ou continue.

La transmission aux humains

La bactérie Chlamydia psittaci est rarement transmise des oiseaux aux humains, mais cette transmission est possible principalement via leurs sécrétions nasales et leurs fientes desséchées dispersées dans l’air sous forme de fines gouttelettes ou de particules de poussière (aérosols) : on peut donc être infecté par inhalation d’un air contaminé. Parmi les autres sources d’exposition, citons la manipulation de plumes et de tissus d’oiseaux infectés ou la morsure d’un oiseau infecté. Rien n’indique par contre que la bactérie puisse se propager par la préparation ou la consommation de la volaille.
La transmission interhumaine, longtemps considérée comme impossible, existe bien, mais elle reste exceptionnelle : elle peut se produire quand une personne est exposée à des gouttelettes aérosolisées provenant d’un sujet infecté dont la maladie est au stade aigu et qui présente une toux paroxystique (soudaine et très forte).
Les chiens, les chats, le bétail et les chevaux peuvent également être infectés par Chlamydophila psittaci.

Les symptômes chez les humains

Chez les humains, la psittacose est une maladie infectieuse dont les symptômes pseudo-grippaux (= semblables à ceux de la grippe) sont généralement bénins et aspécifiques : fièvre (qui dure parfois pendant trois semaines ou plus), frissons, toux sèche, faiblesse ou fatigue, douleurs musculaires ou thoraciques et maux de tête. Chez certaines personnes, on note aussi une conjonctivite, une photophobie ou de la diarrhée.
L’incubation dure habituellement de une à deux semaines, mais des cas d’incubation plus longue ont été rapportés (jusqu’à six semaines) : les symptômes apparaissent donc de sept à quinze jours après l’exposition, et classiquement après dix jours.
L’inhalation de Chlamydia psittaci suscite une réaction de défense de la part des poumons, et les bactéries qui ne sont pas neutralisées à ce stade peuvent provoquer une pneumonie aiguë. La psittacose est en effet d’abord une maladie pulmonaire, mais d’autres organes peuvent être atteints : on a déjà signalé des cas d’inflammations du foie, du cerveau et de la paroi interne ou du muscle du cœur.
Pour bien diagnostiquer la psittacose, le médecin doit savoir si le sujet a été exposé à des oiseaux infectés. Il faut ensuite identifier la bactérie et reconnaître les signes d’infection au moyen de tests en laboratoire.
Les sujets atteints doivent alors recevoir un traitement médicamenteux spécifique. La maladie répond bien aux tétracyclines mais est résistante à la pénicilline. Sans administration d’antibiotiques, le taux de mortalité peut atteindre 30 %, mais le traitement réduit ce risque à environ 1 %.

Les personnes les plus exposées

Les personnes qui sont en contact répété avec les oiseaux sont naturellement les plus susceptibles d’être infectées par Chlamydia psittaci : éleveurs, personnel de la filière avicole et des abattoirs de volailles (lors d’une étude menée en 2000 en France, 44 % des personnes travaillant dans ce domaine étaient séropositives), vétérinaires, salariés des animaleries, colombophiles, propriétaires et éleveurs de Psittacidés, etc. Les chasseurs, les jardiniers (via les poussières de fientes soulevées par les tondeuses à gazon !) et même les personnes nourrissant des oiseaux dans leur jardin peuvent éventuellement être en contact avec la bactérie.

Un doublement des cas signalés de psittacose chez les humains dans cinq pays d’Europe depuis novembre 2023

Perruches à collier (Psittacula krameri)

Perruches à collier (Psittacula krameri) se nourrissant dans un jardin de l’Essonne (France) en janvier 2023. 
Photographie : Didier Orand

En mars 2024, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié un communiqué annonçant qu’entre novembre 2023 et février 2024, un doublement du nombre de cas de psittacose habituellement observés avait été observé dans cinq pays européens : l’Autriche (18 cas), le Danemark (23 cas), l’Allemagne (33 cas), la Suède (39 cas) et les Pays-Bas (21 cas). Cinq décès (quatre au Danemark et un aux Pays-Bas) ont même été signalés. Une exposition à des oiseaux sauvages (principalement par l’intermédiaire de mangeoires) et/ou domestiques a été rapportée dans la plupart des cas.
L’Institut National de la Santé du Danemark soupçonne que les infections ont principalement été causées par l’inhalation de particules en suspension dans l’air provenant de fientes séchées d’oiseaux infectés. Dans ce pays, la prévalence de C. psittaci chez les oiseaux sauvages au Danemark est inconnue, mais des plans sont en cours pour examiner des échantillons soumis à des tests de dépistage de la grippe aviaire afin de clarifier cette question. On suppose que le nombre réel d’individus infectés par cette bactérie serait beaucoup plus élevé que ce qui est rapporté.
En Suède, les cas signalés au début du mois de novembre 2023 étaient répartis dans huit des 21 régions, toutes situées dans le tiers le plus méridional du pays. Les personnes concernées ont été en contact avec des fientes de petits oiseaux, principalement via les mangeoires, et quelques-unes auraient été infectées par des oiseaux domestiques (poules ou cacatoès).
Face à cet événement épidémiologique l’O. M. S. estime nécessaire de mener des investigations complémentaires pour déterminer s’il s’agit d’une véritable augmentation des cas ou d’une augmentation due à des techniques de surveillance ou de diagnostic plus sensibles. L’organisation continue de surveiller la situation et, sur la base des informations disponibles, estime que le risque posé par cet événement reste faible (la probabilité de transmission interhumaine de la psittacose est infime, et si le diagnostic est correct, un traitement antibiotique efficace est disponible).

Les précautions à suivre dans les jardins

Mésange charbonnière

Mésange charbonnière (Parus major) se nourrissant dans un jardin de Sassenage (Isère) le 17 octobre 2020 : il est important de nettoyer régulièrement les mangeoires.
Photographie :  Rémi Blanchet

Si l’automne est la période idéale pour nettoyer les nichoirs (lire Octobre, un bon mois pour nettoyer les nichoirs), le printemps est l’occasion de s’occuper des mangeoires, qui sont alors généralement désertées, même s’il est préférable de les maintenir propres très régulièrement (tous les deux jours).
Les concentrations hivernales d’oiseaux augmentent en effet la fréquence des contacts directs ou indirects et augmentent les risques de transmission de certaines maladies comme la salmonellose (lire Nourrir les oiseaux : limiter les risques de salmonellose), la trichomonose (lire La trichomonose chez les oiseaux des jardins : présentation et prévention), la grippe aviaire (lire Nourrir les oiseaux malgré la grippe aviaire), etc.
Des mesures simples peuvent être prises immédiatement :

  • nettoyer et désinfecter toutes les mangeoires. Il ne faut pas les nettoyer à sec, au balai, à la brosse ou à l’aspirateur : il faut d’abord les passer à l’eau puis les désinfecter dans un endroit bien aéré avec une solution contenant les ingrédients actifs suivants : ammonium quaternaire, peroxyde d’hydrogène à 3 %, alcool isopropylique, solutions d’alcool iodé, éthanol à 70 % et eau de Javel diluée. Rincez bien et laissez sécher les mangeoires et les points d’eau avant de les remettre en place. Il faut ensuite se laver les mains avec de l’eau et du savon.
  • Ne pas laisser de la nourriture plus de deux à trois jours de suite.
  • Retirer et détruire les déchets accumulés au pied des mangeoires.
  • Arrêter progressivement le nourrissage au cours du mois de mars (lire Quand faut-il arrêter de nourrir les oiseaux : en mars ou en avril ?)
  • Espacer les mangeoires encore actives pour limiter les concentrations d’oiseaux.

L’O.M.S. recommande par ailleurs de surveiller la prévalence de la maladie chez les oiseaux sauvages, en utilisant éventuellement des échantillons existants collectés pour d’autres raisons. Tous les cas diagnostiqués doivent être signalés aux autorités locales de santé publique.

Les précautions à suivre dans les élevages et les collections

Elevage des canards

Les élevages de canards peuvent être contaminés par la bactérie Chlamydia psittaci et des mesures préventives doivent donc être prises.
Photographie : L214 / Wikimedia Commons

Concernant les oiseaux domestiques (élevage et collections), l’O.M.S. recommande entre autres :

  • de sensibiliser les propriétaires d’oiseaux domestiques ou en cage, en particulier les psittacidés, au fait que l’agent pathogène peut être transmis sans maladie apparente.
  • De mettre en quarantaine des oiseaux nouvellement acquis, et de contacter le vétérinaire pour un examen et un traitement si un oiseau est malade.
  • D’éviter d’entasser les oiseaux et d’utiliser un système de ventilation adéquat, y compris l’utilisation de filtres à haute efficacité pour les particules de l’air afin de réduire la propagation de l’air contaminé.
  • D’encourager les personnes possédant des oiseaux de compagnie à garder les cages propres, à les placer de manière à ce que les fientes ne se mélangent pas et à éviter les cages surpeuplées.
  • De promouvoir une bonne hygiène des personnes en contact avec des oiseaux domestiques et sauvages, en particulier via un lavage fréquent des mains.
  • De sensibiliser les cliniciens pour qu’ils testent les cas humains suspects.

Vidéo d’un oiseau atteint de psittacose

La vidéo ci-dessous montre une Calopsitte élégante (Nymphicus hollandicus) atteinte de psittacose.

 Calopsitte élégante (Nymphicus hollandicus) atteinte de psittacose.
Source : Ross Perry

Réagir à notre article

Réagissez à cet article en publiant un commentaire