L’Écureuil gris (Sciurus carolinensis) est un rongeur arboricole commun dans l’Est de l’Amérique du Nord mesurant jusqu’à 75 cm de longueur, queue comprise, et pesant en moyenne 500 grammes. Son pelage est d’un gris plus ou moins sombre. Son régime alimentaire est varié, et il profite volontiers des aliments distribués en hiver pour les oiseaux dans les jardins (lire Limiter la concurrence pour la nourriture entre Écureuils gris et oiseaux dans les jardins).

Il a été introduit au début du XXe siècle en Royaume-Uni, où il a connu une forte expansion : sa population y atteindrait aujourd’hui près de 2,7 millions d’individus. Des Écureuils gris ont également été lâchés dans d’autres régions d’Europe  notamment dans le nord de l’Italie en 1948, où il est aussi en progression : il pourrait franchir les frontières suisses et françaises dans le futur. 

Dans les zones où il est présent, il entre en compétition avec l’Écureuil roux (Sciurus vulgaris), plus petit et au régime alimentaire moins varié. Par ailleurs, l’Écureuil gris peut lui transmettre un parapoxvirus, qui se traduit généralement par des lésions de la peau ou des muqueuses. On estime que depuis l’introduction de son “cousin” américain, la population britannique d’Ecureuils roux serait passée de 3,5 millions d’individus à 120 000. Il provoque aussi des dégâts aux arbres car il les écorce pour se nourrir de leur sève, favorisant ainsi le développement de maladies.

L’Écureuil gris a toutefois des prédateurs naturels, comme les mustélidés (martres, belettes, etc.), les chats domestiques et les rapaces, en particulier l’Autour des palombes (Accipiter gentilis).

En Grande-Bretagne, cette espèce avait disparu en tant que nicheuse à la fin du XIXe siècle à cause des tirs, de la collecte de ses œufs et de la capture des jeunes par les fauconniers et les collectionneurs et de la destruction de son habitat, et elle était restée rare durant la plus grande partie du XXe siècle. Selon L’Atlas of Breeding Birds in Britain and Ireland (1976), seule une petite population de trois couples s’était maintenue dans le Sussex jusqu’en 1951. D’autres cas isolés de nidification ont été recensés par la suite, puis la population a brusquement augmenté dans les années 1970, probablement en raison de l’importation et des lâchers délibérés ou accidentels d’oiseaux originaires du nord de l’Europe.

Dans le “New Atlas of Breeding Birds in Britain and Ireland: 1988-1991”, Mick Marquiss a indiqué qu’en 1980, il y avait environ 60 couples dans le pays, un chiffre probablement sous-estimé : en 1988, on pense qu’il y avait 200 couples. Depuis, la progression s’est poursuivie. Rien que dans le parc national de New Forest, situé dans le Hampshire, il y aurait actuellement 45 couples (lire L’impressionnante augmentation de la population d’Autours des palombes de la New Forest depuis 2002), et plus de 700 au niveau national.

Cette belle progression pourrait contribuer à réguler, au moins localement, la population britannique d’Écureuils gris. Dans un article publié en 2023 dans le Quarterly Journal of Forestry, la revue de la Royal Forestry Society, la pose de pièges photographiques (lire Utiliser les pièges photographiques pour étudier et observer les oiseaux) à proximité d’aires entre 2017 et 2022 par le Gloucestershire Raptor Monitoring Group a permis de montrer que ces rongeurs constituaient une partie importante du régime alimentaire des Autours des palombes du Gloucestershire, qui accueille plus de 100 couples. Dans certains nids, ils représentaient ainsi plus de la moitié des proies apportées aux jeunes, loin devant les Corvidés et les Pigeons ramiers (Columba palumbus).

Autour des palombes (Accipiter gentilis) mangeant un Écureuil gris (Sciurus carolinensis) dans la forêt de Sherwood (Grande-Bretagne) en avril 2022.
Source : Chris

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