La Wallacea (ou Walacée) est la zone de transition s’étendant entre les îles de la Sonde (qui comprend Sumatra, Java, Bornéo et les petites îles environnantes), dont la faune appartient à la région biogéographique indo-malaise, et la Nouvelle-Guinée, qui fait partie de l’écozone australasienne. Elle est composée des Petites îles de la Sonde (Lombok, Sumbawa, Komodo, Florès et Sumba, Timor), de Sulawesi (ou Célèbes) et les Moluques, à l’exception de l’archipel des Aru (lire Les oiseaux de Komodo et de Rinca, deux îles de la Wallacea).

La faune de la Walacée est très riche et composée d’espèces d’origine asiatique et australienne. Elle reste encore relativement mal connue, et des découvertes sont régulièrement publiées (lire Le Dicée des Wakatobi serait bien une espèce à part entière).

Les engoulevents sont difficiles à étudier à cause de leurs  mœurs crépusculaires et de leur plumage cryptique. Depuis quelques années, l’analyse de leurs vocalisations a permis de mieux préciser leur taxonomie : cela a été cas pour l’Engoulevent de Horsfield (Caprimulgus macrurus), dont l’aire de répartition s’étend du Pakistan à l’Australie, qui a été divisé en six espèces principalement distinguables par leur chant.

Situations des îles de Timor (Indonésie/Timor oriental) et de Wetar (Indonésie)

Situations des îles de Timor (Indonésie/Timor oriental) et de Wetar (Indonésie).
Carte : Ornithomedia.com

Dans un article publié en 2024 dans le journal Ibis, une équipe d’ornithologues a décrit une nouvelle espèce, qui a été nommée Engoulevent de Timor (C. ritae), vivant sur les îles de Timor (Indonésie/Timor oriental) et de Wetar (Indonésie). Il était confondu avec les Engoulevents de Horsfield (C. macrurus), des Célèbes (C. celebensis) et des Philippines (C. manillensis), mais il s’en distingue par son chant territorial plus court, au rythme plus rapide et composé de motifs répétés (« choh-choh-choh-choh-choh »), dont l’originalité a été confirmée par une analyse factorielle discriminante.

Il se différencie également des autres espèces étudiées par plusieurs aspects morphologiques, notamment par l’émargination de la quatrième rémige et ses ailes et sa queue plus courtes.

Une analyse phylogénétique moléculaire, basée sur le séquençage du gène de l’ADN mitochondrial codant pour le cytochrome B, a par ailleurs montré que C. ritae était très proche (espèce-sœur) de l’Engoulevent de Mees (C. meesi) vivant sur les îles indonésiennes de Flores et Sumba. Par rapport au mâle de ce dernier, celui de l’Engoulevent de Timor a les couvertures auriculaires d’un châtain plus foncé, des couvertures sus-caudales avec des taches sombres en forme de losange à leur centre, un ventre roussâtre avec d’étroites barres noirâtres, une bande sombre plus régulière sur les couvertures sous-caudales plus régulière, une plus petite tache blanche sur les rémiges R4 et R5, des couvertures sus-alaires es avec une bordure cannelle et une queue plus foncée et plus grossièrement marquée de noir (il n’existe aucun spécimen femelle connu de C. meesi, ce qui empêche une comparaisons entre les femelles des deux espèces).

L’Engoulevent de Timor vit dans dans les forêts tropicales sèches et humides de Timor et de Wetar, du niveau de la mer jusqu’à au moins 1 500 mètres d’altitude, mais probablement principalement en-dessous de 1 000 mètres. L’habitat de cette espèce est fortement menacé, même si Wetar est encore largement boisée du fait de sa faible population.

L’Engoulevent de Timor est la quatrième espèce endémique de Timor et de Wetar, avec le Carpophage cendrillon (Ducula cineracea), la Pampusane de Wetar (Pampusana hoedtii) et le Loriquet iris (Saudareos iris).

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